Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 juillet 2013 2 30 /07 /juillet /2013 18:19

téfillinDeux fois par jours, le matin et le soir, nous avons l’obligation de lire le passage du Shéma. Passage incroyable où machinalement, nous acceptons chaque jour et ce à deux reprises le joug divin. Nous nous soumettons à la volonté de Dieu.

Dans ce passage du Shéma, plusieurs obligations, plusieurs commandements de la Torah y sont mentionnés. Mais j’aimerai approfondir un en particulier, celui de l’obligation pour chaque homme juif au-delà de l’âge de treize ans de porter ce qu’on appelle les phylactères ou bien tefillin en hébreu. Les tefillin sont des petites boites noires fabriquées avec des peaux de vaches, desquelles sortent des lanières noires et dans lesquelles sont renfermés quatre parchemins. Sur ces parchemins est inscris entre autre le passage biblique du Shéma. De nos jours, on noue ces tefillin sur notre bras et sur notre tête qu’une fois par jour au moment de la prière du matin (excepté le jour du Shabbat le Samedi) mais à l’époque, on les gardait nouées durant toute la journée.

Pourquoi doit-on poser sur nous ces phylactères ? Quel est la raison de cet accoutrement ?

La réponse est dans le verset même de cette obligation :

‘’וקשרתם לאות על ידכם...’’ ‘’Et vous les nouerai comme SYMBOLE sur vos mains’’

La raison même de ce commandement est de porter un symbole. Un symbole ? Ben c’est un ‘’truc’’ qui nous sert à montrer aux autres notre appartenance à une identité, à un groupe. On le voit même dans la Torah, lorsque Moise veut prouver qu’il est bien l’envoyé de Dieu et que sa parole appartient bien à Dieu, il reçoit de Dieu des ‘’אותות’’ ‘’des symboles’’. Dans la Parasha Shémote, Dieu lui enseigne plusieurs prodiges qui lui serviront comme symboles pour se faire écouter auprès des enfants d’Israël. Même à la sortie d’Egypte, Dieu demande au Peuple Juif de mettre du sang sur les poteaux de leurs maisons pour montrer à l’ange destructeur qu’ils appartiennent bien au Peuple Juif et qu’ils doivent donc être épargnés.

D’ailleurs, il suffit de regarder autour de nous, on ne manque pas de moyen pour symboliser notre appartenance à un certain milieu, on aime bien symboliser cela et montrer au monde entier qui nous sommes. Mettre un écusson du PSG dans notre voiture, porter un manteau en cuir noir qui recouvre le corps et des chaussures style rangers noirs à hauts talons pour montrer qu’on est gothique, les drapeaux, les pin’s…

M’enfin… On aurait pu trouver mieux quand même pour symboliser notre appartenance au Peuple Juif. On aurait pu se suffire du chapeau noir avec la chemise blanche et la veste noir. Ou bien juste la Kippa. Pourquoi un machin qui ressemble plutôt à un outil médical pour mesurer la pression sanguine ? Qu’est-ce que ça a de patriotique les Tefillin ?

Je pense à mon humble avis qu’ici repose un fondement précieux du Judaïsme. Et c’est pourquoi j’aimerai vous faire part des écrits prophétiques du Sefer Ha’Hinou’h sur ce sujet. (Le Sefer Ha’Hinou’h est un mystère quant à son auteur, cependant on le situe au niveau du 13e ou 14e siècle et on pense qu’il était un élève de Na’hmanide en Espagne. Il a rédigé un livre qui développe les 613 commandements de la Torah en essayant de donner des raisons à chaque commandement. Il se repose sur le compte des commandements de Maimonide en y rajoutant ses explications qu’il a reçu de ses propres maitres.)

Voici les paroles du Sefer Ha’Hinou’h : L’homme a été créé avec un corps matériel. De manière naturelle, le corps est poussé à assouvir ses pulsions et toutes ses envies, comme une bête qui, avec son instinct de survie ne pense qu’à couvrir ses pulsions, quitte à déchiqueter les autres animaux autour d’elle. Dieu, par sa bonté nous a insufflé un souffle divin appelé le Nefesh qui ne s’arrête pas aux pulsions bruts mais les utilise pour le servir. Ce souffle nous entraine à nous abstenir de commettre des interdits et aspire à nous faire rapprocher de Dieu. Mais, la force extrême de notre part matériel en notre personne cherche perpétuellement à écraser la part Nefesh qui est en nous. C’est pourquoi, le passage du Shéma qui représente notre soumission et notre crainte de Dieu nous ordonne quatre commandements, l’étude de la Torah, l’obligation de nouer les phylactères, poser des Mézouzote aux entrées de nos maisons, et mettre aux quatre coins de nos vêtements des Tsitsite afin d’avoir sur nous des gardes pour ne pas perdre l’esprit face à cette force matérielle qui cherche à écraser notre Nefesh.

Il y a plusieurs notions à retenir de ce passage-là.

-"אל תאמין בעצמך עד יום מתך" ‘’Ne fais pas confiance dans ta propre personne jusqu’à ta mort’’. On aimerait bien être un modèle pour le monde entier, on aimerait que tout le monde nous ressemble et que tout le monde comprenne que nous sommes les meilleurs. Mais, le Sefer Ha’Hinou’h nous enseigne, qu’en réalité on ne peut pas se suffire à soi-même. Nous ne sommes que des bêtes si ce n’est le fait que Dieu nous ait donné un cadeau incroyable qui s’appelle ce Nefesh. Si nous pouvons faire quelques choses de notre vie, ce n’est que par la bonté de Dieu, il nous a donné une possibilité de le servir. Et pour cela, c’est un combat perpétuel entre notre volonté de le servir et notre volonté de nous laisser aller à nos besoins pulsionnels. Tout seul, on ne peut pas s’en sortir. C’est pourquoi, Dieu nous a donné dans ses commandements des petits jokers qui nous aident justement à sortir la tête du no man’s land qui est notre personne. On prend du recul en voyant ces commandements qui nous entoure. Lorsqu’on rentre dans notre maison, il y a une Mézouza à notre porte. Lorsqu’on s’habille, on porte les Tsitsite. On prend une bonne partie de notre temps à étudier la Torah et enfin, on est constamment lié aux Tefillin qui sont posés contre notre cœur et contre notre cerveau. Même si l’instinct matériel reprend du dessus, on a la possibilité de reprendre du recul et de nous rappeler ce qu’on vaut vraiment.

-Une notion importante qui peut être soulignée, c’est la notion de symbole. Comme je l’ai dit, nous avons toutes sortes de symboles pour montrer qui nous sommes, pour montrer au monde entier pour quelle cause nous adhérons. Pour montrer ce qu’on vaut. Mais au final, dans cette volonté de valoir et cette volonté de nous définir socialement. Avons-nous un moment pour prendre conscience réellement, de nous-à-nous, qui nous sommes réellement ? Avons-nous la possibilité de nous définir véritablement pour nous même ? Les Tefillin, comme nous avons dit plus haut, sont nommé symboles. Mais, ce ne sont pas des symboles identitaires, des portes drapeaux de la cause juive. Ce sont des symboles pour nous identifier intérieurement à notre propre cause. A ce qu’on doit faire dans la vie. Ce que nous savons de nous-à-nous, ce que nous valons réellement. Nous pouvons faire les choses les plus incroyables une fois que nous avons en amont définis parfaitement notre programme. Ici le programme, c’est de faire la volonté de Dieu. Non pas en écrasant notre personnalité, mais en utilisant notre personnalité convenablement.

J’aimerais finir avec une parabole architecturale du Beth Hamikdash, le temple de Jérusalem. Au Beth Hamikdash, les fenêtres étaient construites bizarrement. En générale, on construisait à l’époque les fenêtres en biais, dirigées vers l’intérieur afin de recueillir les rayons du soleil pour éclairer la maison. Mais, au temple de Jérusalem, les fenêtres étaient dirigées au contraire vers l’extérieur. Comme pour représenter que c’est justement le temple lui-même qui donne son éclat au monde. Nous aimerions tous être un soleil qui éclaire le monde entier, mais à quoi sert ce soleil s’il ne puise pas sa lumière dans le service de Dieu au Beth Hamikdash ? Puissions-nous être de bons serviteurs de Dieu afin de faire briller le monde entier de la présence Divine. 

Partager cet article
Repost0
9 mai 2013 4 09 /05 /mai /2013 22:46

la-bourse-ou-la-vieBien mal acquis ne profite jamais. Telle est l’expression dans notre société. Mais, qu’est ce qui fait de moi un bon acquéreur ? A priori, l’argent est un salaire qu’on reçoit après avoir fourni un travail, vendu un service. La morale veut qu’on ne profite pas d’un bien, ou d’argent qui ne devrait pas nous revenir. Un bien pour lequel je n’ai pas fourni un travail afin de l’acquérir ne devrait pas reposer dans ma propriété.

Partant de ce postulat, comment comprendre tout l’enjeu du second chapitre du traité Baba Métsia dans le Talmud ? Dans ce passage du Talmud, on traite juridiquement à partir de quel moment et de quelle condition on peut garder un objet trouvé. Certaines lois à ce sujet sont plus que contradictoires avec la morale citée plus haut. Par exemple, la notion de ‘’Iyoush’’, désespérer de retrouver l’objet. Les Sages dans le Talmud ont défini à partir de quel moment on établit cet objet comme étant ‘’désespéré’’ par son propriétaire et par conséquent la personne qui le trouverait pourrait le garder pour lui-même. Prenons un cas spécifique pour que cela nous parle pratiquement. Il y a quelques années j’avais lu dans un journal israélien qu’un chauffeur de bus de la ligne 350 pour Ashdod avait trouvé une serviette contenant 30 000 dollars dans son bus. Ce chauffeur a reçu le prix de l’honnêteté parce qu’il est parti la rendre à son propriétaire. Essayons de voir le cas Talmudiquement parlant. Avait-il le droit de garder cet argent ? Le Talmud nous enseigne que s’il y a un signe de propriété sur un objet, ou même juste un signe distinctif, il faut publier la trouvaille afin que le propriétaire vienne le récupérer. D’un autre côté, si cet objet est trouvé dans un endroit où le passage est très abondant, même s’il y a un signe sur l’objet, on pourra s’approprier l’objet. Donc ce chauffeur aurait pu garder la serviette avec les 30 000 dollars.

Mais, comment comprendre alors la notion de propriété ? Nous n’avons absolument pas travaillé pour acquérir ces biens. Et de plus, ces biens appartiennent à une personne spécifique comment pouvons-nous nous l’approprier ?

Avant de répondre à ces questionnements, et avant d’entreprendre l’analyse de la notion de propriété, je veux vous amener dans un sujet un peu différent mais qui nous permettra de synthétiser le sujet du rapport au bien.

A-t-on le droit de se sauver  en causant un dommage financier à autrui ? Voici donc le sujet auquel je fais référence et qui se trouve dans le Traité Baba Kama. Le sujet débute à la page 60b. On se retrouve dans une affaire qui est arrivée au roi David lors de sa guerre contre les Philistins. Alors qu’il était en campagne, des Philistins se sont cachés dans une meule de foin appartenant à un juif afin de tendre une embuscade aux soldats juifs. Le seul moyen que l’armée de David avait trouvé pour s’en sortir de cette embuscade était de mettre le feu aux meules et de passer outre les lignes ennemies. Le problème qui se pose dans ce cas-ci, c’est qu’ils sauvent leurs ‘’peaux’’ en créant un dommage financier à autrui. Avant d’attaquer les Philistins il est donc allé poser la question juridique devant le tribunal rabbinique étant donné que ce problème-là n’était pas encore tranché. Le Sanhédrin (tribunal rabbinique) lui a alors répondu qu’il était interdit de se sauver en créant un dommage à autrui et qu’il devait trouver une autre stratégie.

Ce passage du Talmud pose un gros problème qui est relevé par tous les grands commentateurs. Effectivement, dans le 8ème chapitre du traité Sanhédrin, on y compte trois interdits parmi les 613 commandements de la Torah pour lesquels nous devons en tant que juif nous laisser mourir plutôt que les transgresser. Ces trois interdits sont : l’idolâtrie, l’inceste et l’assassinat. Mais, sur quoi les sages se sont-ils fondés pour décréter qu’il était interdit d’endommager autrui alors que nous serions en danger ? Aucun interdit ne tient si la vie est en jeu à part les trois interdits cités dans le traité Sanhédrin ??? C’est pourquoi, les Tossefote (grands commentateurs du Moyen-Age) disent en une phrase qu’il faut lire ce passage de Talmud non pas comme un interdit de se sauver sur le compte des biens d’autrui mais plutôt qu’il faut se sauver mais rembourser le dégât après avoir fait le dommage. Malheureusement, la lecture de Tossefote est dure à encaisser puisqu’à priori il change la lecture du passage talmudique. C’est pourquoi le Rosh (Rabbénou Asher Ben Yé’hiel, décisionnaire du 13ème siècle) lit cela différemment en prenant compte du terme ‘’interdit’’. Pour lui, il faut lire que le Sanhedrin a envoyé comme réponse que bien sûr qu’on peut sauver sa vie malgré le dommage que cela cause à condition que lorsqu’on crée se dommage on a l’intention de le rembourser et que si cette condition n’est pas posée il serait effectivement interdit de se sauver carrément !

L’ambiguïté de ce sujet dans Baba Kama est en réalité d’une grande profondeur. Et j’aimerai vous faire part de l’explication du Maharal de Prague (Rabbi Yehouda Leib ben Betsalel commentateur du 16ème siècle) sur les questions qu’on se posait sur le second chapitre de Baba Metsia qui nous amènera à une explication sur ce passage de Baba Kama.

En réalité, dit le Maharal, l’argent ou un bien, n’est qu’une valeur extérieure à l’homme. On aimerait avoir une possession de ce bien, on voudrait qu’il soit comme notre propre entité, notre personne. Or, ce bien ne sera jamais notre personne. En Hébreu et dans le langage du Talmud, une propriété se dit ‘’shay’houte’’ ce qui se traduit en fait par un lien, une représentation. Un objet ne peut jamais devenir la même entité qu’un être humain. D’ailleurs, lorsque l’on se marie, on fait l’acquisition selon le langage talmudique de sa femme. Cela ne veut pas dire que la femme est devenue ‘’propriété privée défense d’y toucher’’ mais plutôt qu’elle est liée à tel homme se qui exclue les autres. Ce qui représente ma personne dans le fait que je suis le propriétaire d’un objet ou d’un bien c’est deux choses, qu’il repose dans mon ‘’reshoute’’ (mon domaine) et que j’ai la conscience de le posséder. Or, lorsque je perds un objet, il ne se trouve plus dans mon domaine, il ne reste plus aux Sages du Talmud qu’à faire une évaluation pour savoir dans quel cas la conscience de posséder l’objet est encore valable. C’est pourquoi, lorsqu’ils disent que le propriétaire va faire ‘’iyoush’’ cela veut dire qu’il perd la conscience de posséder l’objet, comme dans un cas où l’objet est perdu dans un endroit publique ou le passage est très fréquent. Ici, la valeur de l’objet est complétement désacralisée. L’objet n’est pas idolâtré. En effet, un objet est interchangeable, ça peut bouger et ne pas rester en place.

Comment se fait-il alors qu’avec cette vision du rapport au bien, les sages ont dit au roi David qu’il faut se laisser tuer plutôt qu’endommager les biens d’un autre ? A priori, les biens ne sont pas si importants que cela ?! Face à une vie, un bien devrait n’avoir aucune valeur !

Je propose humblement l’explication suivante. Dans le cas du roi David, et d’ailleurs dans le cas de sauver sa vie au détriment des biens d’autrui, la Torah nous permet de transgresser tous les 613 interdits, à part les 3 cités plus haut, si la vie est en danger. Mais, d’une certaine manière, Dieu se met de côté par le fait qu’il te laisse transgresser ses interdits, mais, il ne met pas de côté notre prochain. Chaque personne est un monde, chacun a ses propres actions et influences sur le monde. Nous n’avons pas le droit de tuer, et vaut mieux mourir plutôt que tuer. Comme le Maharal le dit, avoir une propriété, c’est la répercussion de ma personne sur le monde. C’est un peu comme une projection de l’homme sur le monde. Un pauvre est considéré comme un mort, car il ne peut pas avoir de propriété. Il ne vit que superficiellement. Il a une existence abstraite car son existence réelle, sa projection sur le monde n’existe pas. Une personne qui a une projection sur le monde par son bien, lorsque je détruis son bien, je ne détruis pas son bien mais plutôt l’existence de son propriétaire de manière réelle, je ne le tue pas physiquement mais je détruis son existence. J’enlève son influence sur le monde et je le mets au même niveau que le pauvre. C’est pourquoi, je me dois comme le dit le Rosh de poser comme condition de rembourser mon dommage et avec ce remboursement je ne porte pas atteinte à son influence étant donné que je vais lui rendre son bien de manière différente.    

Partager cet article
Repost0
5 juillet 2012 4 05 /07 /juillet /2012 15:32

images.jpg            Certaines questions reviennent sans cesse après différents évènements, des époques de crises qui viennent nous pincer le cœur et la conscience. Pour introduire le sujet, j’aimerai vous faire part des différents doutes et angoisses (parmi tant d’autres) qu’un bon juif gentil peut éprouver. Ces évènements viennent d’ailleurs appuyer ces doutes et nous amène à réfléchir sur notre avenir, sur notre survie et notre place. Où serai-je en sécurité ? Où est ma place de Juif ? Qui n’a pas entendu les évènements perpétrés à Toulouse et qui ne se pose pas la question sur une éventuelle Alya, monter se réfugier en Israël face à la montée soudaine de l’antisémitisme ? Que faire, qui peut nous sauver ? La montée au pouvoir de François Hollande va-t-elle laisser place à un relâchement étatique des condamnations des actes antisémites ? En réalité, ces interrogations ne sont justes que renforcés par des détails, des faits divers. Certaines catégories de la population juive en France se les posent depuis un bon moment. Peut-être qu’en Israël il est plus évident et plus simple de travailler, nul besoin de justifier les absences répétées lors des fêtes juives, nul besoin de renoncer à un emploi à cause de la réticence lors de l’entretien d’embauche à propos du Samedi, le Shabbat chômé par les Juifs. Israël ne serait-il pas un Eldorado pour un Juif voulant pratiquer sa religion sans soucis ? Mais, encore faut-il voir les épreuves israéliennes au même titre. Être en sécurité en Israël. Plusieurs fois, j’ai entendu des personnes dire la chose suivante, avec le danger iranien, avec les ennemis tout autour d’Israël, peut-être que cela est fou de vouloir rester en Israël, vivre en assumant le danger perpétuel, vivre dans la gueule du loup. En somme, la question n’est pas vraiment de savoir est-ce qu’il faut monter en Israël ou pas. La question est plutôt, est-ce que le problème est lié à un endroit, à un pays ou bien le problème est-il ancré en nous, bien au fond de nous, le Peuple Juif ?! Comment se confronter donc à ce phénomène, la montée soudaine de l’antisémitisme ? Quels sont nos valeurs face à un tel problème ? Fuir, ou alors y a-t-il une autre solution, une solution plus idéaliste ?

            Je propose donc, d’analyser notre situation, d’essayer de voir quel est le chemin que nos ancêtres ont pris dans les mêmes situations et d’essayer d’en arriver à un redressement intérieur et certaines solutions face à ce danger.

            A l’époque de l’exil babylonien, un grand malheur est tombé sur le Peuple Hébreu. L’existence même de ce Peuple fut remise en question. Un décret royal est tombé, la destruction définitive de toute vie juive. C’est la période de Pourim. Le décret consistait à anéantir, à tuer et faire oublier le Peuple. Le sort des Juifs fut alors pris en charge par le chef du tribunal rabbinique, le célèbre Mardochée. Mais, il est intéressant de prendre conscience que le rouleau d’Esther qui retrace cette histoire, ce même rouleau qu’on a pris l’habitude de lire une fois par an en l’espace de quelques minutes à la synagogue, narre en réalité une période de plusieurs années. Tout commence par l’interdiction de Mardochée envers les Juifs de s’associer au festin d’Assuérus. Ce n’est que quelques années plus tard que le décret d’extermination fut lancé. Mais, Mardochée avait ressenti par le fait que les Juifs n’étaient pas capables de s’assumer et ne pas aller au festin d’Assuérus qu’un danger pour le Peuple Juif était déclenché. Les Juifs, veulent ressembler à toutes les nations et renoncer à leur particularité. La raison suprême de la venue d’un homme sur terre, et d’ailleurs l’objectif principal d’un Juif c’est la sanctification du nom de Dieu. Énormément de possibilité de sanctifier Dieu sont données à un Juif. Mais, il est évident que faire le contraire, détourner son visage du Divin, exprimer envers Dieu à la limite j’ai honte de te servir, j’ai honte d’être Juif, cela peut se traduire par le contraire même du travail d’un bon Juif. La Guemara dans le traité Sanhédrine évoque trois cas, trois situations où un homme doit se laisser tuer plutôt que transgresser ces fautes, on parle de l’idolâtrie, mieux vaut mourir que servir l’idolâtrie, on parle tuer, mieux vaut mourir soi-même qu’arriver à tuer une personne (à part bien sur si c’est justement cette personne qui me met en danger et qui prendrait donc un titre de Rodef, c’est-à-dire qu’il me poursuit pour me tuer) et enfin l’inceste. Mais, dans la suite de ce passage de Guemara, il est évoqué une autre situation où on devrait a priori se laisser tuer. Ce cas là ne rentre pas dans les généralités citées plus haut car son application n’a pas de limite. On parle d’un cas à caractère antisémite où tout simplement on voudrait nous enlever la possibilité de vivre comme un Juif. Par exemple, la Guemara nous fait allusion à l’habit traditionnel juif. Si on empêche un Juif de s’habiller comme le veut sa tradition juste pour l’empêcher de se concrétiser en temps que Juif et pour tout simplement ridiculiser son image de Juif, il faudrait a priori se laisser tuer. D’ailleurs plusieurs fois, le Peuple Juif était en danger et des personnes ont proposé de mourir ou bien carrément sont mortes pour relever l’estime du Peuple.

            Lors de la faute du veau d’or, Dieu voulait détruire son Peuple. En effet, le fait même qu’ils avaient servis l’idolâtrie était une atteinte ultime à l’image du Peuple qui ne méritait alors plus d’exister. C’est pourquoi, pour relever l’image, Moise a proposé de mourir lui pour réparer la faute. Comme on voit qu’il s’exprime en disant : ‘’il dit grâce car le Peuple a fauté… Et maintenant laisse reposer leur faute sur Tes épaules car sinon efface moi de Ton livre’’. De la même manière pour en revenir à l’histoire de Pourim, Esther était prête à faire des actes qui relevaient du suicide. Elle jeûna pendant trois jours et se présenta au roi sans aucune autorisation car il avait interdit à tous l’accès à lui. Et elle s’exprima de la manière suivante, ‘’Vékaasher avadeti avadeti…’’ ‘’et lorsque je serai perdue je serai perdue…’’ elle était prête à mourir pour faire vivre son Peuple.

            La vie que Dieu nous a donnée, n’a pour objectif QUE la sanctification de Dieu. Or, mourir pour sanctifier Dieu n’a rien de malheureux bien au contraire c’est justement réaliser et concrétiser notre passage sur terre. J’aimerai vous faire partager justement les dernières paroles d’un des grands maitres de la génération juste avant la Shoah, Rav El’hanan Wassermann.

            Cet extrait est tiré de l’introduction au célèbre commentaire sur le Talmud Kovetss Shiourim rédigé par l’illustre maitre en Talmud des dernières générations passées Rav El’hanan Wassermann. L’introduction est le fruit de la plume de son fils Rav Elozor Sim’ha Wassermann. Il retrace les derniers instants de vie de l’auteur avant de se faire assassiner par les nazis le 11 du mois de Tammouz 5701 soit le 6 Juillet 1941.

La mort digne d’un saint de notre père (Rav El’hanan Wassermann) que Dieu venge son sang était la suite logique d’une vie entière dévouée à la sanctification du nom de Dieu et investie dans l’étude de la Torah. Voici les évènements selon les témoignages d’un spectateur direct du massacre qui a vécu après la guerre et fit publier ces faits dans différents journaux aussi bien en Israël qu’aux États-Unis, le Rav Éphraïm Oshri. Rav El’hanan prit la parole, il parla d’une voix douce et basse avec une sérénité qui était bien connue chez lui, son visage laissait apparaitre un sérieux qui était d’ailleurs toujours présent chez lui durant toute sa vie. Il parla avec comme interlocuteur tout le Peuple Juif réuni face à lui sans laisser échapper aucun sentiment privé, sans aucune volonté de consoler sa famille. Il voulait s’adresser à tout le Peuple Juif. Voici les dernières paroles de notre maitre avant de monter sur l’autel de ce sacrifice, de cet holocauste :

‘’… Apparemment, nous sommes considérés dans les cieux comme des justes car nous avons été choisis pour réparer les fautes du Peuple Juif par nos cadavres. Si cela en est ainsi, repentons-nous et rapprochons-nous de Dieu pleinement maintenant ici même… Le temps est court, nous nous rapprochons du lieu du massacre (District 9, lieu du massacre de Slobodka-Kovna). Il est de notre devoir d’être conscients que notre sacrifice sera mieux accueilli avec notre repentir, et par cela nous pourrons sauver nos frères et sœurs qui se trouvent en Amérique… Que ne nous monte à la tête aucune mauvaise arrière pensée que Dieu nous en préserve ! En effet, dans un sacrifice au Temple, une mauvaise pensée lors de l’abattage rituel rend le sacrifice interdit, le sacrifice prend le statut de Pigoule qui veut dire abîmé. Nous sommes dans l’accomplissement direct d’un très grand mérite, l’accomplissement du verset ‘’Dans le feu tu l’as consumé et par le feu tu reconstruiras…’’, le feu qui nous brûlera sera le même feu qui reconstruira à nouveau la maison d’Israël…’

C’est sur ces paroles là qu’il fut pris pour être fusillé par les nazis que Dieu venge son sang.

            Ce que je tire de toutes ces analyses historiques, c’est que cela n’a aucune importance où se trouve notre danger, où se trouve les attaques que l’on puisse subir. Ce qui est important, c’est comment on réagit face à elles, combien sommes-nous prêts à sacrifier notre vie pour la sanctification du Dieu. Bien sur, mourir pour Dieu cela parait très loin, mais sanctifier Dieu n’est pas obligé de passer uniquement par l’abandon de notre souffle de vie. Cela peut très bien passer par l’accomplissement dévoué corps et âme à la Torah, faire les mitsvotes en étant fier de les accomplir et pas en étant angoissé que cela ne soit pas adapté et cela ne correspond pas aux différentes nations parmi lesquelles nous vivons.

Dernièrement, je me trouvai dans une conférence dans un cadre juif. Cette conférence avait pour thème y a-t-il une philosophie juive ? Un grand professeur de philosophie, un universitaire certes juif présentait le sujet. Il voulait en fait démontrer qu’il y a effectivement une possibilité d’analyse de la Torah de manière philosophique et qu’on peut classer donc le judaïsme comme une catégorie philosophique à part entière. Après ce que je viens de vous démontrer, on n’en a rien à faire de savoir qu’il y ait ou pas une philosophie juive ! Certes la philosophie est très intéressante mais il n’y a aucune raison de rabaisser la Torah à une matière qui s’appellerait la philosophie car nous devons nous assumer en tant que Juif et non en temps que nation parmi les nations. Vouloir classer la Torah comme une case philosophique parmi tant d’autres ce n’est pas s’assumer en tant que Juif mais vouloir prouver au monde qu’on vaut bien ce qu’ils valent étant donné que nous aussi, notre religion plus exactement devrait être reconnue au même titre que leur forme de pensée. Non ! Erreur ! La Torah n’a pas besoin de s’affirmer aux non-juifs. Cela n’est pas un discours raciste anti-non-juif, pas du tout loin de là. La Torah est accessible à tous à condition que les personnes qui s’intéressent à Elle fassent l’effort de l’approcher. Ce n’est sûrement pas la Torah qui doit s’approcher d’eux, se rabaisser à ces personnes pour qu’ils daignent tourner leur regards vers Elle.

            C’est pourquoi je pense conclure par le fait que se sauver en Israël juste parce qu’il y a un peu d’antisémitisme (qui n’est en réalité qu’un début) est en réalité lâche. En effet, c’est ne pas voir le problème en face des yeux. C’est-à-dire, qu’on n’est tout simplement pas prêt à offrir notre vie dans la sanctification de Dieu et on préfère montrer qu’on s’éloigne du problème. On se rabaisse face aux autres nations on a même honte d’être Juif. Nous sommes en exil depuis 2000 ans, cela ne change pas l’endroit où l’on se trouve que ce soit en Pologne, au Maroc, aux États-Unis, en France ou en Israël, nous sommes en Galoute, en exil. Notre travail n’est pas de nous lamenter sur notre sort. Il est vrai, que nous devons aspirer à la délivrance mais cela ne consiste pas à fuir. Nous devons nous réaliser en tant que Juif, en tant que pratiquant partout où l’on se trouve et malgré toutes nos difficultés. Que ce soit l’agression d’un jeune homme parce qu’il est Juif ou que ce soit des difficultés liées à trouver du travail laissant la possibilité de respecter Shabbat. C’est la volonté de Dieu, c’est notre travail de Juifs en exil et le tout consiste à mettre le Judaïsme comme valeur absolue, de mettre le Judaïsme par-dessus tout et que le reste soit secondaire. Halte à la lâcheté, soyons courageux et sanctifions le nom de Dieu. Respecter les commandements de la Torah contre vents et marées cela relève de la sanctification de Dieu.

Partager cet article
Repost0
12 mars 2011 6 12 /03 /mars /2011 23:20

            Une question me taraude l’esprit depuis longtemps et je pense ne pas être le seul à me poser cette question. Comment se fait-il que des personnes justes et pieuses souffrent-elles tellement et sont victimes de terribles malheurs ? A priori, si Dieu attend de nous d’être des personnes justes et pieuses alors il devrait apporter le bonheur et l’allégresse à des personnes qui y arrivent! Et pourtant, nous pouvons entendre à droite et à gauche untel qui est tellement pieux souffre de telle maladie, untel qui est tellement juste a perdu sa femme, untel croule sous des problèmes financiers terribles ! Essayons d’analyser cela de manière plus profonde et plus objective.

            Dans la Meguilath Esther, (Chapitre 3, verset 4) il est dit à propos de Mardochée qui refusait de se prosterner à Hamann, ‘’ויהי כאמרם אליו יום יום ולא שמע אליהם’’ ‘’Et alors qu’on lui répétait chaque jour et il ne les écoutait pas’’. Hamann passait chaque jour devant Mardochée et ce dernier ne se prosternait pas, tout le monde disait et même criait à Mardochée de se prosterner mais néanmoins il leur tenait tête. Le Midrash nous explique à propos de cela que les descendants de Rachel font face aux mêmes épreuves dans leur vie et sont récompensés pareillement.  A propos de Josef, lorsque la femme de Potifar venait chaque jour voir Josef le suppliant de succomber à la tentation de l’adultère il est écrit quasiment le même langage que Mardochée (Genèse chapitre 39, verset 10), ‘’ויהי כאמרה אליו יום יום ולא שמע אליה’’ ‘’Et alors qu’elle lui répétait chaque jour il ne l’écoutait pas’’. De même, leur grandeur et leur récompense est identique car à propos de Josef il est écrit (Genèse chapitre 51, verset 2) ‘’ויסר פרעה את טבעתו’’ ‘’Et Pharaon retira sa bague (pour la donner à Josef)’’ et à propos de Mardochée il est écrit (Esther chapitre8, verset 2) ‘’ויסר המלך את טבעתו’’ ‘’Et le roi retira sa bague (pour la donner à Mardochée)’’.

            Ce midrash n’a pas pour but de nous raconter des histoires de grands mères avant d’aller se coucher. Ce Midrash veut en réalité que nous allions comprendre en amont la raison de la grandeur et l’élévation de ces Tsaddikims au titre de vice roi avec tous les honneurs qui vont avec. Comment Josef et Mardochée en sont arrivés à ces récompenses alors qu’aucun autre Tsaddik n’en est arrivé là ?

            Afin d’essayer de répondre à cette question, analysons maintenant pourquoi Dieu enlève en règle générale le bon et la tranquillité chez les justes. A priori, on peut répondre que Dieu essaye de les aider. En effet, les justes se trouvent à un niveau supérieur qui est l’attachement à Dieu et la préoccupation de Le servir. Or, si Dieu leur amenait la tranquillité et le bonheur, ils seraient attirés vers la matière et pourraient délaisser Dieu, c’est pour leur faciliter la tache et ne pas leur amener des tentations vaines que Dieu leur envoie des malheurs de temps en temps. Dans la même optique, essayons de comprendre comment se fait-il que des impies et des méchants soient tranquille et ne soient pas punis. Le midrash rapporte que le peuple d’Israël a demandé à Dieu pourquoi Il laisse les impies et les idolâtres impunis ? Ce à quoi Dieu leur a répondu par une métaphore. C’est comme une vigne, une personne possédant une vigne ne va pas vendanger sa vigne tant que les fruits ne sont pas encore bien mures. Il suffit d’attendre que les fruits soient bien mûrs et à ce moment on pourra réclamer les fruits. Ce Midrash est très complexe et demande deux introductions.

            La première introduction concerne Abraham Avinou lorsqu’il est devant Sodome et Gomorrhe et qu’il implore Dieu de ne pas détruire ces villes. Le langage d’Abraham est le suivant, (Genèse chapitre 18, verset 25) ‘’חלילה לך מעשות כדבר הזה להמית צדיק עם רשע’’ ‘’cela est profane pour toi de faire une chose pareille qui est de tuer le juste avec l’impie’’. Abraham s’adresse à Dieu en lui disant que ce qu’il va entreprendre n’est pas une chose faisable car cela relève du profane. Il existe deux sortes de destructions, une destruction totale qui n’amène rien de bon car cela détruit uniquement pour but de détruire. Et, il existe une destruction qui n’est en réalité que bénéfique car elle sert à amener du bon. On détruit pour faire repousser de manière plus belle et plus harmonieuse. Or, Dieu ne s’amuse pas à détruire pour seule fin la destruction. S’il détruit cela n’est que parce qu’il y a du bien derrière cela. Cela ressemble à un paysan qui laboure et ensuite plante du blé. Si une personne l’observait sans comprendre ce qu’il fait il pourrait le prendre pour un fou. D’abord il détruit sa terre avec la charrue et en plus de ça il jette ses graines dans la terre et donc il les perd. En réalité de ce travail qu’a entrepris le paysan ressortira une belle récolte. De même, pour Dieu tout ce qui apparait pour nous comme une destruction n’est en réalité qu’un laboure et une semence qui feront pousser une belle récolte. C’est pour cela que nous avons l’obligation de bénir Dieu de la même manière lorsqu’il nous arrive un bienfait ou un malheur. C’est pour cela que le Midrash a comparé les malheurs du peuple juif à une vigne. Après la récolte de cette vigne, on prend les raisins et on les écrase. Cela ressemble à une destruction et pourtant le jus qui en sort de ces raisins va nous permettre de faire du bon vin et donc de tirer un profit invraisemblable. L’exil et la destruction nous permettront de jouir d’une délivrance et d’une paisibilité qu’on ne peut imaginer. Le plaidoyer d’Abraham pour Sodome et Gomorrhe était dans cette logique. Comment peux-tu détruire un impie avec un juste ? Cela relève de la destruction qui n’apporte rien. Encore l’impie on peut comprendre mais pourquoi le juste ? Il fallait détruire les impies et laisser le juste voire cela pour qu’il tire les leçons qui l’aideront à s’améliorer.

            Passons à présent à la seconde introduction qui concerne les bontés que l’on peut recevoir dans ce monde. A priori, la majorité des bontés ne peut se recevoir ici si ce n’est après la venue du messie. Car les bontés pour le peuple d’Israël n’apportent pas que du bien mais apporte aussi la possibilité de se détourner du droit chemin. C’est pour cela que les Bne Israël doivent être prêts pour recevoir ces bontés. Tous ce qu’Essav possède ne sera uniquement profitable qu’au peuple d’Israël car lorsqu’Essav est né, Jacob le tenait par le talon. Mais, Dieu ne peut détruire Essav si le Peuple d’Israël n’est pas encore prêt à recevoir les possessions d’Essav car cela relèverai d’une destruction non profitable. C’est pourquoi, Dieu a dit d’attendre que la vigne soit mure pour vendanger. Dieu ne va punir les impies et les idolâtres uniquement si cela est profitable pour le peuple d’Israël.

            Revenons à présent à notre question de départ. Pourquoi il y a des justes qui souffrent dans notre si beau monde ? Si un homme a réussi à dominer son mauvais penchant et à ne suivre que le bien, pourquoi le priver du bonheur dans ce monde ?

            La guémara dans Bera’hot (7.) présente ainsi : le Tsaddik qui est heureux et qui n’a pas de malheurs c’est un juste complet. Ce juste est en réalité un Tsaddik qui a dominé son mauvais penchant et qui ne suit désormais que son bon coté. En réalité, Josef et Mardochée étaient confrontés chaque jour à la tentation. L’un la tentation de l’adultère et l’autre la tentation de l’idolâtrie. Mais, ils ont tous les deux eu une domination jusqu'à la destruction totale de leur mauvais penchant. Ils ont enduré une épreuve si ardue que désormais les autres épreuves paraissent comme des futilités face à cela et donc ils ne sont plus dérangés par leur Yetser ara.  C’est pour cela, qu’eux et uniquement eux, méritent leurs grandeurs qui sont le bonheur et la tranquillité dans ce monde car ils ne risquent pas d’être attirés par d’autres tentations.

Partager cet article
Repost0
22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 23:05

Au début de paracha Ytro, La thora nous relate l’histoire de la rencontre entre Moshé Rabbénou et son beau-père Ytro. Le verset nous dit : ‘’ויספר משה לחותנו... ’’ ‘’Moshé a raconté à son beau père tout ce que Hashem leur a fait’’. A priori, il y’a une question qui se pose car toute la raison pourquoi Ytro et venu voir les Bnei Israël c’est justement parce qu’il avait entendu tout les miracles d’Hashem alors pourquoi Moshé avait besoin de lui raconter une nouvelle fois ? Et même s’il lui racontait une nouvelle fois le verset dit que Ytro a entendu pour la seconde fois l’histoire de la sortie d’Egypte et les miracles il dit alors : ‘’ ברוך השם אשר הציל אתכם ‘’ ‘’Bénit soit Hashem qui vous a sauvé’’. Pourquoi la première fois que Ytro a entendu les miracles, lorsqu’il était en Midiane il n’a pas béni Hashem alors que la seconde fois il l’a béni ?

C’est pour cela que les ‘Hakhamim disent que les paroles d’un élèves et les paroles du maitres ne se ressemblent pas, la première fois qu’il a entendu les faits de la sortie d’Egypte s’était par le biais d’autres personnes, c’était les rumeurs qui couraient tandis que là il entend directement de la bouche de Moshé qui l’a vécu lui-même.

Ici nous voyons un point d’une grande importance, pour l’enseignement il faut toujours rechercher un maitre qui a une Emounah parfaite et qui soit Irei Shamaim, c’est-à-dire qu’il soit entier et déterminé dans sa relation avec Dieu. Par exemple, un enseignant qui racontera à ses élèves les miracles et la sortie d’Egypte alors qu’il lui manque une toute petite lueur d’Emounah, ces miracles n’apparaitront pas comme s’ils étaient racontés par un grand Irei Shamaim. Un élève du Gaon de vilna a raconté une fois que lorsque le Gaon de Vilna a fait la Drasha sur ‘’אל תקשו לבבכם כמריבה’’ ces mots lui ont trotté dans la tête pendant des semaines car justement la personne qui les racontés était le Gaon de Vilna.

Dans le Talmud Yerushalmi et Tossfot dans Haguiga Daf 15b il est mentionné l’histoire où une fois un Rav du nom d’Avouya qui était une personne importante à Yerushalaim a convié chez lui plein de ‘Hakhamim pour la brit mila de son fils. En attendant la brit mila, ils se sont mis à étudier. Leur étude était tellement intense qu’un feu est descendu. Avouya est arrivé alors et leur a demandé : ‘’ voulez vous bruler ma maison ?’’ Ils ont répondu que non ils étaient en train d’étudier la Thora de manière si intense que c’était comme si qu’elle descendait du Mont Sinaï. Sur ça Avouya a répondu que si c’est ainsi et que l’enfant a tenu à cette intensité il faut dédier cet enfant à la Thora. La Guémara là-bas nous dit que puisque les paroles d’Avouya n’étaient pas entièrement pour Hashem, elles n’étaient pas Lechem Shamaim alors son souhait ne s’est pas accompli. Le Saba Mi Chelem explique que puisqu’il l’a emmené dans un ‘Héder ou le Melamed ne faisait pas son travail entièrement Lechem Shamaim alors cet enfant n’a pas pu  apprendre la Thora de sa bouche. C’est pour cela que les ‘Hakhamim disent que si l’enseignant ressemble à un malakh d’Hashem c'est-à-dire qu’il fait son travail entièrement dévoué à Hashem alors les élèves pourront apprendre de lui la Thora mais sinon il ne faut pas le placer comme enseignant car les enfants ne pourront pas apprendre de lui.

Cela rejoint deux autres enseignement des ‘Hakhamim : ‘’ lorsqu’on apprend la thora de son maitre il faut regarder son visage car cela amène de la Irat Shamaim’’ ‘’Il faut aller rendre visite à son maitre pendant les fêtes juives car le voir pendant la fête et voir comment il le vit plein de bonheur et de Irat Shamaim amène à l’élève de la Irat Shamaim’’.


Partager cet article
Repost0
9 janvier 2011 7 09 /01 /janvier /2011 19:39

            Aussi bien les penseurs juifs que philosophes ont essayés de définir la notion de bonheur. Qu’est ce qui rend l’homme heureux ? Il faut déjà faire une distinction entre deux formes  de bonheur. Il y’a le bonheur passager et éphémère qui résulte d’un acte précis à un certain moment précis. Ce bonheur là n’est pas le point que je voudrais aborder. Ce qui m’intéresse est le bonheur au long terme, celui par lequel on peut définir une vie d’heureuse. Celui qui accompagne l’homme dans ses choix et dans ses convictions.

            Tout au long des mouvements philosophiques, stoïciens, épicuriens et autres, le rapport entre plaisir et bonheur était très controversé. Mais je pense qu’une page se tourne avec Spinoza qui voit le bonheur tout à fait différemment. Spinoza décrit le bonheur non pas comme un fait, non pas comme un objet ou une chose. Il le définit plutôt comme une force. Pour Spinoza, la joie et le bonheur font état d’un passage chez l’homme d’une moindre à une plus grande perfection. Au contraire, la tristesse est le passage d’une haute à une plus basse perfection. Pour cela, l’homme doit envisager d’atteindre un état parfait qui est la liberté. Pour arriver au stade libre, l’homme passe par le pouvoir. Mais, le summum du bonheur est la liberté.

            Apparemment, Spinoza se rapproche de quelque chose de plus compréhensible. En effet, les philosophes précédents voyaient le bonheur comme un état fini, où il n’y a plus rien à désirer. Au contraire, Spinoza voit le bonheur comme une ascension constante qui n’a pas de fin. Mais, qu’elle est cette liberté que nous propose Baruch Spinoza ? Comment peut-on concevoir une telle liberté dans un monde d’oppression, de mensonge et de contrainte ?

            Dans la prière de tous les matins, on a l’habitude de demander à Dieu ‘’véténe bélibénou bina léavin ouléasskil lillmod oulélamed… Naguila vénisseme’ha…’’, c'est-à-dire, ‘’donne dans notre cœur l’intelligence  de comprendre, d’étudier et d’enseigner… alors nous serons heureux et nous nous réjouirons…’’. Nous demandons tous les jours à Dieu qu’il nous donne les capacités intellectuelles pour approfondir l’étude de la Torah afin d’être heureux et de nous réjouir. En quoi l’étude de la Torah nous rendrait-il heureux et nous réjouirait ? Et si effectivement cela nous réjouis pourquoi avons-nous besoin de le demander sans cesse tous les jours, ça suffit une fois pour la vie ?

            L’homme a un besoin d’évolution, il ne peut pas rester figé sur ses idées, sur son quotidien et sa routine. La liberté est en réalité une liberté intérieure, c’est la possibilité dans mon fort intérieur de bouger et de réfléchir, de me poser des questions et d’y répondre, d’y répondre pour rebondir vers d’autres questions. Avoir une RECHERCHE de la connaissance et de la vérité est une liberté qui se transforme en bonheur. Sur cela, personne ne pourra mettre n’y d’oppression, ni de mensonge et ni de contrainte. C’est pour cela que dans les régimes totalitaires et dictatoriaux les informations sont très surveillées, la censure est très courante. C’est pour limiter la seule possibilité de garder sa liberté. La Torah est spéciale par le fait que rien n’est clair, tout demande approfondissement. Il est très connu qu’elle comporte 70 facettes, on peut tout comprendre différemment. Et même si on conclue une chose il y’aura toujours des questions qui se poseront et que l’on cherchera à répondre. Le désire de connaissance n’a pas de fin et c’est justement ça notre liberté d’où la prière qu’on récite chaque matin. C’est justement l’envie de connaitre qui nous rend heureux. C’est pourquoi on demande à Dieu de nous donner la possibilité d’approfondir les connaissances pour être heureux.

            Spinoza nous à donc ouvert une piste sur qu’est ce qu’être heureux c’est être libre. Et je pense qu’une personne qui est  constamment en recherche de la connaissance, qui d’après Gaston Bachelard est appelé esprit scientifique, se rapproche de la vérité dans ce monde. Et donc permet d’avoir un état de bonheur constant. 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de lejuifdefonce.over-blog.com
  • : Je n'ai pas l'audace de pretendre avoir les reponses aux questions, je ne pretends pas connaitre les definitions exactes de telle ou telle notion, mais, je me pose beaucoup de questions sur ma vie, sur la religion que je tente de pratiquer pleinement. Voyant que certaines questions sont partages et que mes reflexions peuvent tracer quelques debuts de pistes je me suis dit que cela pourrait etre utile de les publier, d'ou l'idee de ce present blog. Bonne lecture.
  • Contact

Profil

  • lejuifdefonce
  • Les questions affluent, le bouton pause n'existe pas dans la dynamique de quete de snes. J'essaie de partager quelques reflexions que j'ai put avoir. Je pense que l'étude comme le souligne Maimonide est avant tout un moyen de rendre éternel la Tora
  • Les questions affluent, le bouton pause n'existe pas dans la dynamique de quete de snes. J'essaie de partager quelques reflexions que j'ai put avoir. Je pense que l'étude comme le souligne Maimonide est avant tout un moyen de rendre éternel la Tora

Recherche